mercredi 27 août 2014





NUE

de 

Jean-Philippe Toussaint






Patrick Shourds






Quel étrange bonheur de retrouver ces deux personnages qui continuent de jouer 
au chat et à la souris, 
de se blesser pour mieux s'abandonner l'un à l'autre. 
Le narrateur est amoureux,
 fou d'un bel amour complexe, 
qui fait mal. 
Cet homme est un romantique qui prolonge la douleur de l'absence 
en se remémorant de sensuels souvenirs de sa belle Marie. 
Un roman qui transporte loin grâce à cette même écriture d'une intense poésie.
Etonnante, envoûtante, exotique, érotique ...unique.













Mon extrait favori :
"Et c'est alors que je la vis, je l'aperçus à travers les vitres du café, elle était assise dehors sur une banquette en osier, le dos collé à la vitrine, qui fumait une cigarette dans la nuit, immobile dans le vent et la pluie. Elle était là, dehors, au seuil de la place Saint-Sulpice illuminée dans la nuit, qu'elle observait fixement, sa cigarette à la main, le bras légèrement relevé, le poignet désaxé, de la fumée s'élevait très lentement dans les airs en volutes hésitantes, et j'apercevais le bout rouge incandescent de l'extrémité de sa cigarette  qui s'intensifiait à chaque fois qu'elle tirait une bouffée. Je voyais sa chevelure de dos, ses cheveux emmêlés dans le vent et la pluie qui tombait sans discontinuer devant elle. Des gouttelettes, à l'occasion, éclaboussaient son visage, et son long manteau était trempé, ainsi que son écharpe qu'elle avait remise pour sortir. Il n'y avait personne dans le quartier ce soir-là, la pluie avait retenue les gens chez eux, il n'y avait que nous sur la place Saint-Sulpice, moi dans cette espèce de passerelle de navire vitrée qui donnait sur l'horizon enténébré, et elle, dehors, en figure de proue devant l'océan invisible".







Gilles Soudry

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