Puisque rien ne dure
de
Laurence Tardieu
"Je meurs, voilà ce qu'elle m'écrit Vincent je meurs viens me voir viens me revoir une dernière fois que je te voie que je te touche que je t'entende viens me revoir Vincent je meurs. Et au bas de la feuille, en tout petit, presque illisible, son prénom, Geneviève, tracé lui aussi au crayon à papier, comme le reste de la lettre, de la même écriture tremblante, défaillante, si ce n'avait pas été ces mots-là on aurait pu croire à l'écriture d'un enfant, on aurait pu sourire, froisser la feuille, la jeter à la poubelle et l'oublier ; mais non, ce n'est pas un enfant, c'est Geneviève qui meurt."
Extraits choisis :
"Certains êtres, à mesure que le temps passe, deviennent de plus en plus libres : ils se redressent au lieu de s'affaisser. Il émane d'eux une énergie étonnante. Ils sont lumière pour qui les rencontre. J'aimerais savoir ce qu'ils ont fait des ombres de leur passé. De leurs regrets, de leurs déchirures. Comment ils s'en sont arrangés.
Parce qu'on oublie rien, je le sais ce soir. On n'oublie rien. Quand bien même on s'est efforcé du contraire : le passé vit en nous. Masse informe tapie au plus profond de soi, qu'on pourrait croire endormie mais qui veille... Alors eux, ces êtres de lumière : comment font-ils ?"
"Ce matin je suis entrée dans sa chambre, je me suis allongée sur son lit, entre ses peluches. J'en ai mordu une pour empêcher mes larmes de couler."
J'ai parfois eu du mal à avancer dans la lecture de ce roman, les yeux brouillés, la gorge nouée, le cœur battant. Passant par toutes les émotions, posant de temps en temps le livre pour souffler un peu, laissant mon regard se perdre au delà de la cime des arbres derrière ma fenêtre.
"Certains êtres, à mesure que le temps passe, deviennent de plus en plus libres : ils se redressent au lieu de s'affaisser. Il émane d'eux une énergie étonnante. Ils sont lumière pour qui les rencontre. J'aimerais savoir ce qu'ils ont fait des ombres de leur passé. De leurs regrets, de leurs déchirures. Comment ils s'en sont arrangés.
"Ce matin je suis entrée dans sa chambre, je me suis allongée sur son lit, entre ses peluches. J'en ai mordu une pour empêcher mes larmes de couler."
Il y a des romans dont on ne sort pas indemne, qui nous touchent à tel point qu'on ne les oublie jamais, qui laissent une trace, fatalement. Il y a des romans qui durent en nous ...