samedi 23 novembre 2013





LES MATINS TRANSLUCIDES



Philippe Lacoche









Suis entrée dans le nouveau roman de Ph. L comme dans une eau douce et tiède. 
Ai plongé avec une belle fébrilité, 
certaine que j'aimerais. 
C'est toujours très excitant d'ouvrir un livre 
qu'on aime par avance. 
L'idée de retrouver un style, une atmosphère...
Un bonheur épicurien.






Photo de Robert Sellier






"Ma voiture somnole sous les rayons glacials. Moteur. Un nouveau film va-t-il se dérouler dans ma tête? Pas un long métrage, non ; c'eût été trop ambitieux. Alors un moyen métrage puisqu'au fond, tout cela ne fut que très moyen.
Le chauffage du véhicule peine à s'activer, alors que je roule dans ces rues désertes. Sur la droite se trouvait une épicerie où, enfant, j'allais acheter un roudoudou, confiserie coulée dans une coquille en plastique en forme de praire, que je léchais avec délice. Disparue, l'épicerie. Une agence d'intérim la remplace. Là, c'est un commerce de vêtements, avec sa vitrine barrée d'un panneau "à vendre". Bientôt, il n'y aura plus rien. Tout aura disparu. Nos vies d'antan, nos souvenirs, tout se sera dissous dans le silence, sous un soleil blanc et glacial, impavide, oeil monstrueux et jaune comme la bile de l'oubli. Je n'entends plus les trains, plus la rumeur. Oppressante impression. Mon cerveau fonctionne, alimenté par de veilles images sépia. Comme si je me trouvais seul, dans une salle de cinéma déserte, face à un écran sur lequel seraient projetés les rushes d'un film confus. Ce film, je sais que c'est ma vie d'avant. Et il me semble étranger" ...










Ce roman est lumineux. Pas une lumière vive qui vous éblouit d'un coup, pas de spots qui font cligner des yeux. Une lumière diffuse, un soleil pâle planqué derrière une brume fine.

Ph. L. semble écrire comme il respire, les mots coulent de source, la source de la vie, à travers l'intimité des belles années, de celles qu'on oublie pas, jamais. Intense adolescence. Pas d'impudeur, pas de confidences qui dérangent, une gracieuse retenue,  un texte simple et profond à la fois...

Et puis, me suis retrouvée en terrain connu,  pas seulement parce que je suis chez moi dans cette Picardie qui m'est chère, et si subtilement photographiée ... mais l'on reconnait au détour d'une page, les jambes sans fin de Clara et Katia, leurs silhouettes désormais familières...















traduit de l'italien par Françoise Brun






Une vie trop pesante qui l'incite à trouver mille et un moyens d'en finir.  Elle cherche chaque jour comment mourir tout en laissant penser aux autres qu'il s'agissait d'un accident. Et puis, arrive le voisin,  et son monde trop gris vire au rose. Un roman subtile sur l'importance vitale d'une rencontre ... parfois ...






"Une nuit où elle traînait sur le balcon et il y avait une lune qui semblait dessinée au fusain, et le vent apportait l'odeur de la mer et les arômes du jardin, elle le vit tout à coup devant elle, le voisin.
Il était à cheval sur le mur, à l'endroit sans tessons de bouteille, qui s'était élargi avec toutes ces allées et venues.Elle s'y attendait tellement peu qu'elle n'avait sur elle que sa combinaison transparente aux bretelles déchirées qui laissait un sein découvert."




"Femme au balcon"-Pablo Picasso




L'écriture de Milena Agus est un bonheur, 
chaque fois renouvelé.