samedi 15 juin 2013











Philippe Claudel a écrit ce texte quelques jours après la disparition de Jean-Marc Roberts, dit "Jean-Bark". Il rend au travers de ces mots somptueux un magnifique hommage à son éditeur et ami.



"Je savais que tu allais mourir, et je ne pouvais plus écrire. J'ai mis du temps à comprendre que je ne pouvais plus écrire parce que tu allais mourir."



Jean-Marc Roberts





"[...]Je t'entendais rire à l'autre bout du fil. J’espérais que cela te faisait du bien. Moi, j'aimais t'entendre rire. C'est à coups de rires je crois qu'on balance la mort dans les cordes, pour un temps, ou à terre carrément, et qu'elle se fait compter par l'arbitre. Qu'on lui montre qu'on ne la prend pas trop au sérieux. Qu'elle devrait mieux délaisser ses airs de grande dame sûre de son fait, et aller voir ailleurs où nous sommes."


Je referme le livre, les larmes au bord des cils, le cœur qui frissonne. Trop-plein d'émotions. 

Pourtant, j'en connaissais déjà certains extraits (merci Jack pour ces quelques mots choisis, si bien choisis, qui me donnèrent au fil de ma lecture, le sentiment d'être déjà dans l'intimité de cette amitié-là...). 

Pourtant, lisant un hommage, on sait où l'on va, vers quel gouffre on risque de plonger. 

Un hommage ... et quel hommage ! ... à la hauteur de cet homme fou amoureux de la vie. Un petit livre, d'une ampleur toute particulière. "L'écriture, comme seul moyen de se jouer du néant".

Je referme le livre et ne peux me résoudre à le ranger définitivement dans ma bibliothèque, lui tout petit parmi les autres ...d'ailleurs, tenez, je vous offre un dernier extrait, un extrait bleu  de mer évidemment ... 

"Notre vie est une eau ironique. Immatérielle et fluide. Tu n'étais pas du genre à regarder les montres, ni les horloges. Tu regardais l'autre te parler de lui. Tu ne parlais jamais de toi, si on ne t'en faisait pas la demande. Tu étais tout à l'autre. Sans doute considérais-tu que ton métier d'éditeur commençait là."



Toile de Philippe Beckman, plasticien 


(Et je sais que tous ceux qui aiment les mots,  qu'ils aient lu ce livre ou non, auront une pensée pour Jean-Marc Roberts, en septembre 2013, lors de la prochaine rentrée littéraire ...)




3 commentaires:

  1. Très beau billet...on a lu le même livre...on a ressenti le même livre...

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  2. J'aime beaucoup Philipppe Claudel, je vais découvrir ce livre au plus vite

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