mardi 12 mars 2013






"Je n'aime pas les femmes comblées,
tout le monde pense qu'elles sont heureuses 
elles ont tout pour l'être. 
Je ne le pense pas, 
elles ne sont pas heureuses 
j'aime mieux les femmes à qui il manque quelque chose 
celles qui désirent à celles qui possèdent. 
J'aime mieux celles qui continuent d'attendre 
qui continuent de palpiter"






Monika travaille dans un institut de beauté, où chaque jour  elle malaxe des corps de femmes qui finissent par se confier, se mettre à nu dans tous les sens du terme. "Je demande rien  j'obtiens tout" dit l'héroïne.

J'ai été profondément touchée par ces portraits de femme, ces imparfaits corps de femme que raconte Fabienne Jacob, rejetant au loin les diktats de notre société qui glorifie l'apparence physique. Des femmes décrites de façon brutale, violente dans ce qu'elles ont d'intime ... des femmes dans lesquelles on se retrouve toutes un peu.
Ces croquis de femmes sont entrecoupés de souvenirs d'enfance bouleversant de sensibilité.

Une écriture assez "rustique" qui m'a beaucoup plu, car elle révèle les femmes dans leur vérité, leur sincérité. Je conçois que certaines phrases dérangent, que des mots choisis choquent, que le manque de ponctuation heurte, mais la narratrice parlent des femmes comme rarement un auteur l'a fait. Un livre original donc et plein de  passages magnifiques. Un livre que je conseille aux femmes ... et aux hommes qui aiment les femmes pour de vrai ... 



Baie de Somme  (novembre 2011)


Extrait choisi :

"La Baie de Somme, on dirait un chat qui dort, tu ne trouves pas ? a demandé Jacques.
-Si, je trouve, a répondu Grâce.
-En fait tu verras, ce n’est pas un chat qui dort, mais un bras de mer."
Jacques conduisait et Grâce avait allongé son bras vers le siège du conducteur sous le repose-tête. De temps en temps il coulait un regard sur son profil, sur ses cheveux balayés par l’air qui venait de la vitre ouverte. Parfois aussi il regardait ses bras longs et fins mais pas longtemps, il devait faire attention à la route. Malgré l’heure tardive il faisait encore tiède.
"Tu verras, je connais une route le long de la côte. Une toute petite route parfois elle est recouverte de sable à cause du vent. On l’appelle la route blanche. Parfois on ne la voit même plus tant elle est recouverte de sable ; parfois elle disparait. On la prendra, tu verras."
Grâce aimait bien quand Jacques disait "tu verras". Il y avait une raison de continuer, un avenir. Grâce aimait bien quand il y avait un avenir. 





6 commentaires:

  1. Rhoooo...c'est TOUT ce que j'aime ça...je vais le lire assez vite c'est sûr...ton billet est parfait...un plaisir de venir sur ton blog...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un roman assez critiqué mais que tu aimeras je pense. Merci à toi Jack de m'avoir fait découvrir cette "écrivaine des sens".

      (Et aussi, merci pour tes encouragements parrain ! ;)

      Supprimer
  2. Cela me tente beaucoup aussi !

    RépondreSupprimer
  3. La baie de Somme, quel bonheur. Se balader à pied à travers la baie c'est magique, avec au loin la colonie de phoque que se prélasse sur un banc de sable...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Suis d'accord à 200% ... La Baie de Somme, c'est mon paradis à moi ! :)
      Tiens, en cadeau, un autre extrait qui va te parler :
      "Tout en courant elle a enlevé sa robe d'été et l'a balancé loin dans le sable puis, plus loin, elle a envoyé valdinguer ses sandalettes; Elle était en sous-vêtements. Elle a couru à la plage et s'est jetée à l'eau. C'était marée basse l'eau était peu profonde au bord.
      Jacques l'a suivie, a retiré sa chemise, son pantalon et s'est jeté à l'eau en courant lui aussi. Bientôt il a rattrapé Grâce qui nageait déjà.
      "Regarde là, a-t-il dit tout à coup, là, à ta droite."
      Grâce s'est retournée et a vu à côté d'elle, qui dépassait de la surface de l'eau, une grosse boule grise avec deux yeux sombres.
      "un phoque", a ri Jacques "
      ;o)

      Supprimer