Un portrait d’abord comme une esquisse … qui va s’alourdir
peu à peu. Marie à la recherche de son père, de cet homme illustre, mais si peu
connu d’elle-même.
Elle part à sa recherche, le trouve, et pas à pas, le suit, devient l’ombre de son ombre, mettant en parallèle ses fortes réminiscences et ce qu’elle apprend de lui …
Cet écrivain fabuleux, cultivé et travailleur, quel père était-il ?
Quel homme se cachait derrière l’écrivain talentueux et engagé ?
"[…] Roger Nimier pour la petite fille que j’étais,
était un homme dangereux.
Physiquement dangereux."
photo de Diane Paquin
Extrait tout particulier :
"C’est étrange, cette
habitude de dédicacer les livres à des inconnus en les appelant par leur
prénom, comme si le fait de partager un texte nous autorisait à griller les
étapes, nous transportant sans transition dans un monde familier. Ou sur un
monde enfantin, peut-être, à moins qu’il ne s’agisse plus prosaïquement d’une
mesure de précaution tant il est difficile parfois d’orthographier les
patronymes. Nimier, oui, j’épelle, N comme
Nadine, puis i puis m, comme Marie. Combien de fois, le
répéter, en classe, au téléphone, chez le médecin.
Ah, Nimier, comme l’écrivain ? Ou : Vous êtes
parente de l’écrivain ? Oui, un rapport avec l’écrivain, c’est le moins
que l’on puisse dire. Je pense toujours qu’ils parlent de mon père, mais il est
arrivé plusieurs fois qu’ils parlent de moi. Ils me demandaient si j’avais un
rapport avec Marie Nimier. C’est une question assez troublante en
vérité."
Un homme mystérieux et parfois étrange, dont Marie,
adolescente parlait en termes d’incompatibilités, et cela allait au-delà des
arguments politiques :
"Plus profondément, et sans que jamais dans mon
adolescence engagée je ne réussisse à la formuler : mieux valait un père
mort qu’un père qui menace de vous enlever. De vous arracher à votre mère que vous adorez. Qu’un père qui éventre les
canapés. Qu’un père qui essaie d’étrangler sa femme puis revient le lendemain
avec une brassée de roses."
Comme ces mots-là parlent, chamboulent…
Marie et sa
pudeur, Marie et sa douleur…
Marie "la reine du silence" qui ose raconter, trouver les mots pour le dire.
Parce qu'il y a des phrases, des écrits, qui restent et qui font
mal, dont il faut pouvoir guérir...
Dans une lettre, Roger Nimier annonce ainsi l’arrivée au
monde de sa fille :
"Au fait, Nadine a eu une fille hier.
J’ai été immédiatement la noyer dans la Seine pour ne plus
en entendre parler.
A bientôt j’espère.
Roger Nimier"
(Nous apprendrons plus loin que Marie Nimier tenta de se
suicider, 25 ans après, en sautant du pont de l’Alma dans la Seine …)
Un roman bouleversant, que je n’ai pu lâcher une fois
commencé.
Marie Nimier a hérité sans aucun doute du don de son père !
Oh...il me parle ce livre...je note...avec grand intèrêt...bon dimanche...
RépondreSupprimerBon dimanche à toi aussi. Bonne lecture ! :)
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