samedi 2 mars 2013




Un portrait d’abord comme une esquisse … qui va s’alourdir peu à peu. Marie à la recherche de son père, de cet homme illustre, mais si peu connu d’elle-même. 

Elle part à sa recherche, le trouve, et pas à pas, le suit, devient l’ombre de son ombre, mettant en parallèle ses fortes réminiscences et ce qu’elle apprend de lui … 







Cet écrivain fabuleux, cultivé et travailleur, quel père était-il ?
Quel homme se cachait derrière l’écrivain talentueux et engagé ? 



"[…] Roger Nimier pour la petite fille que j’étais, 
était un homme dangereux. 
Physiquement dangereux."


photo de Diane Paquin





Extrait tout particulier : 

"C’est étrange, cette habitude de dédicacer les livres à des inconnus en les appelant par leur prénom, comme si le fait de partager un texte nous autorisait à griller les étapes, nous transportant sans transition dans un monde familier. Ou sur un monde enfantin, peut-être, à moins qu’il ne s’agisse plus prosaïquement d’une mesure de précaution tant il est difficile parfois d’orthographier les patronymes. Nimier, oui, j’épelle, N comme Nadine, puis i puis m, comme Marie. Combien de fois, le répéter, en classe, au téléphone, chez le médecin.
Ah, Nimier, comme l’écrivain ? Ou : Vous êtes parente de l’écrivain ? Oui, un rapport avec l’écrivain, c’est le moins que l’on puisse dire. Je pense toujours qu’ils parlent de mon père, mais il est arrivé plusieurs fois qu’ils parlent de moi. Ils me demandaient si j’avais un rapport avec Marie Nimier. C’est une question assez troublante en vérité."


Un homme mystérieux et parfois étrange, dont Marie, adolescente parlait en termes d’incompatibilités, et cela allait au-delà des arguments politiques :

"Plus profondément, et sans que jamais dans mon adolescence engagée je ne réussisse à la formuler : mieux valait un père mort qu’un père qui menace de vous enlever. De vous arracher à votre mère  que vous adorez. Qu’un père qui éventre les canapés. Qu’un père qui essaie d’étrangler sa femme puis revient le lendemain avec une brassée de roses."

Comme ces mots-là parlent, chamboulent… 
Marie et sa pudeur, Marie et sa douleur… 
Marie "la reine du silence" qui ose raconter, trouver les mots pour le dire.

Parce qu'il y a des  phrases, des écrits, qui restent et qui font mal, dont il faut pouvoir guérir...


Dans une lettre, Roger Nimier annonce ainsi l’arrivée au monde de sa fille :

"Au fait, Nadine a eu une fille hier.
J’ai été immédiatement la noyer dans la Seine pour ne plus en entendre parler. 
A bientôt j’espère.
Roger Nimier"

(Nous apprendrons plus loin que Marie Nimier tenta de se suicider, 25 ans après, en sautant du pont de l’Alma dans la Seine …)


Un roman bouleversant, que je n’ai pu lâcher une fois commencé.

Marie Nimier a hérité sans aucun doute du don de son père !


2 commentaires:

  1. Oh...il me parle ce livre...je note...avec grand intèrêt...bon dimanche...

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  2. Bon dimanche à toi aussi. Bonne lecture ! :)

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