lundi 4 mars 2013




"On peut espérer conquérir un coeur 
que l'on a pas encore conquis, alors qu'il est impossible de ranimer un coeur qui a cessé de battre pour vous. C'est la chose la plus cruelle, la plus cynique, la plus désespérante aussi, que nous apprend l'amour : celui qui, jusque-là, vous aimait, s'exaspère de tout ce qui vous concerne, au mieux comme un ennemi, au pire avec indifférence".


J'attendais beaucoup de ce roman. Sans doute influencée par la prestation de Philippe Vilain à La Grande Librairie de Busnel. Je me souviens d'ailleurs précisément de certains de ses mots :


 "mon matériau à moi c'est le banal ... 
ausculter le coeur humain ... 
à chaque nouveau livre m'immerger dans l'état amoureux..."



Le banal, oui, sans doute ... mais précisément, n'avais-je pas  envie d'autre chose, d'un matériau plus ... consistant ?


Pierre, le narrateur, apprend par un "banal" texto (: "je suis tout à toi...je suis ta salope")  que sa femme le trompe. Il reste stoïque, désespérément silencieux, immobile, médusé.

"Je demeurai interdit. Muet. Bizarrement je ne souffrais pas. Je me sentais comme sous l'emprise d'un anesthésiant local qui supprimait en moi toute sensation de douleur sans supprimer la conscience que j'aurai dû justement en éprouver, et qui dissipait toute émotion du choc sans dissiper le souvenir même de ce choc, que je ne cessais de revivre, dont je ne pouvais arrêter le retour, l'effraction, dans le cour de mes pensées."




On frise parfois l'agacement, cette absence de réaction, cette "mollesse" pouvant paraître insupportable. Le début du roman me déçoit donc légèrement (juste un peu car j'adore Philippe Vilain). 

Et puis cet homme va connaitre la jalousie, féroce, il va commencer à espionner sa femme, la prendre en filature.
et pourquoi donc ? il sait déjà tout ! 
pour "agir" écrit l'auteur ... (qui nous offrira là un passage plutôt léger et non dénué d'humour).

Tout au long du roman, le  cheminement intérieur  de Pierre,  son introspection amoureuse, subtilement dépeinte, va nous éclairer, nous illuminer...

"Je croyais découvrir ma femme quand, en réalité,c'est moi que je découvrais, à travers ma propre incompréhension et mes doutes, mon atterrement et ma jalousie, et je mesurais l'absurde de mon bonheur passé, combien ce bonheur dans lequel je m'étais vautré, duquel je m'étais gargarisé, n'avait été qu'un leurre, une façon de m'aveugler sur mon couple et de me détourner de moi : si je déplore que, pour être heureux, à tout le moins, pour avoir conscience de l'être, le bonheur dût d'éprouver dans la douleur, se payer d'un malheur, je découvrais en même temps, ironiquement j'allais dire, combien l'infidélité de ma femme m'instruisait, ce que de l'amour, de mon couple et de moi-même, cette infidélité me révélait (...)"



Diane Paquin


Au final, un roman étonnant, superbement écrit sur un couple comme tant d'autres...





2 commentaires:

  1. J'ai acheté le livre également après son passage à La grande librairie, j'ai commencé à le lire et comme toi le début m'a ennuyé...(je devais être fatigué aussi)...dans ces cas là(je me connais)...je n'insiste pas et me dis que je le lirais plus tard...je reviendrai sur ton billet des que ce sera fait ...promis...;-)

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  2. La Grande Librairie nous influence, sûr ! ;) Me reviennent les paroles de Philippe Vilain que j'ai adorées ce soir-là "j'aurais voulu être l'écrivain d'un seul livre ...un livre idéal que je n'arrive pas à écrire".

    Mais quand même, c'est étonnant que tu aies ressenti ça aussi ... comme quoi, certainement trop mou ce début de roman... :/ Ou peut-être est-ce la faute du narrateur, il est agaçant à la fin !!! ;)

    J'attends donc impatiemment ton avis final.

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